Externalisation des contrôles aux frontières sud de l’Europe

appel et programme

Depuis sa création en 2002, le réseau Migreurop dénonce les logiques tant nationales qu’européennes qui font de l’enfermement et de l’assignation à résidence des étrangers et des demandeurs d’asile un outil essentiel des politiques dites de contrôle des flux migratoires de l’Union européenne. Le travail initié lors de rencontres organisées au Parlement européen en février et en juin 2003, et poursuivi depuis, a permis de cerner mieux cette réalité, notamment par la réalisation d’une carte des « camps d’étrangers en Europe », réactualisée en décembre 2005.

La pluralité des lieux d’enfermement des étrangers ainsi mise en évidence a conduit le réseau à s’intéresser au phénomène des regroupements informels d’étrangers aux portes de l’Europe. Les politiques de coopération policière conduisent en effet l’UE à sous-traiter la surveillance de ces mouvements à des Etats limitrophes, qui ont charge d’interrompre à tout prix le voyage d’exilés parvenus près de ses frontières. Ceux-ci se trouvent alors pris dans des nasses, cantonnés de longs mois dans la clandestinité et la misère, à l’image des migrants subsahariens se cachant dans certaines forêts marocaines en attendant de tenter de pénétrer en Espagne.

C’est cette logique de coopération avec des Etats-tampons que le réseau Migreurop a tenté d’analyser en juillet 2004 lors du séminaire qu’il a organisé pendant les rencontres antiracistes de Cecina (Italie). Ces journées ont réuni chercheurs et militants d’Europe et de la rive sud de la Méditerranée pour réfléchir aux modalités d’actions communes contre cette politique meurtrière de l’UE qui, en surarmant les polices d’Etats partenaires et en militarisant les frontières, conduit chaque année des milliers de migrants à prendre tous les risques, parfois jusqu’à la mort, pour échapper à la traque dont ils sont l’objet.

Dès le mois d’août 2004, différentes déclarations et initiatives de dirigeants européens venaient confirmer ces analyses. En se disant favorables à la création de camps de demandeurs d’asile en Afrique du nord, les ministres de l’intérieur italien et allemand poussaient à bout la logique d’externalisation des politiques de l’UE à l’égard des migrants. Afin de choisir et trier les étrangers autorisés à entrer en Europe, ils proposaient de déléguer à des pays tels que la Libye, la Tunisie et le Maroc le contrôle et la rétention des migrants et des demandeurs d’asile en transit sur leurs territoires, cela au mépris des obligations internationales de l’UE, notamment vis à vis des réfugiés.

Contre ces projets, et contre la banalisation du camp comme outil de la politique européenne en matière d’asile et d’immigration, le réseau Migreurop a lancé au mois d’octobre 2004 l’Appel contre les camps aux frontières de l’Europe. Signé par des centaines de parlementaires, des ONG et des particuliers de différents pays, cet appel n’est sans doute pas étranger au report des projets de l’UE dans ce domaine. La menace n’en demeure pas moins vivace, avec le programme de La Haye qui, dans sa définition des orientations de l’UE à l’horizon 2010, consacre un volet important à la « dimension externe de la politique d’asile et d’immigration ». Dimension externe déjà bien engagée dans le cadre de la politique de coopération et de voisinage que l’Europe met en place, qui pousse les pays partenaires à collaborer activement à la protection de ses propres frontières, quel qu’en soit le prix pour les migrants qui tentent de les franchir.

A l’heure où les frontières entre l’Espagne et le Maroc (le détroit de Gibraltar, mais aussi les limites des enclaves de Ceuta et Melilla en terre marocaine) sont plus que jamais le symbole funeste des politiques meurtrières de l’UE, Migreurop vous invite les 20 et 21 juin à Séville pour de nouvelles journées de travail et de mobilisation contre les politiques communautaires en matière de sous-traitance du contrôle de ses frontières externes. Face à l’importance de ces enjeux, ces journées devront aussi être l’occasion de penser à un élargissement et une structuration du réseau afin d’engager de nouvelles mobilisations contre l’enfermement et les violences faites aux migrants.

Contacts et inscriptions :
Sara Prestianni bringadeira@yahoo.it

c/o GISTI
3 villa Marcès 75011 Paris


Lundi 20 juin

10h-14h séance plénière - Politiques d’externalisation : situation actuelle et perspectives

 Présentation des deux journées de séminaire par l’APDHA (Rafael Lara)
 Présentation du réseau Migreurop (Caroline Intrand, Cimade)
 Présentation de la carte des camps et du site de Migreurop (Olivier Clochard, Migrinter, Isabelle Saint-Saëns, Gisti)
 La politique d’externalisation de l’Union européenne (Claire Rodier, Gisti)
 La place du Parlement européen dans le débat sur l’externalisation (Hélène Flautre, Parlement européen, présidente de la sous-commission des droits de l’homme)
 Compte-rendu du FSmed à Barcelone (Filippo Miraglia, ARCI)

Discussion

14h-16h Déjeuner sur place

16h-19h Travail en ateliers

Atelier 1 Etat d’avancement des projets de l’UE et du HCR au Maghreb
 Le cas du Maroc (Mohamed Balga et Anne Sophie Wender, plate-forme Maroc)
 Le cas de la Tunisie (Hassen Boubakri, université de Sousse (pressenti))
 Le cas de l’Algérie (Ali Beensad, IREMAM)

Discussion (modératrice : Caroline Intrand)

Atelier 2 Interceptions maritimes
 La politique européenne (Claudia Charles, Gisti)
 Le cas de la France (Caroline Maillary, Anafé)
 Le cas de l’Italie (Filippo Miraglia, ARCI)
 Le cas de l’Espagne : (Rafael Lara, APDHA)

Discussion (modératrice : Isabelle Saint Saëns)

Atelier 3 Relations UE et Libye, le cas des expulsions de Lampedusa
 Influence de la politique européenne sur les flux migratoire en Libye (Olivier Pliez, CEDEJ)
 Mission parlementaire en Libye (Hélène Flautre, Parlement européen)
 Le programme de la Commission européenne en Libye (Claire Rodier, Gisti)
 Relations Italie/Libye et point sur les procédures engagées après les expulsions collectives (Fulvio Vassallo, ASGI, Hélène Gacon, Anafé)

Discussion (modérateur : Emmanuel Blanchard)

Mardi 21 juin

10h-14h séance plénière - Restitution du travail en atelier et perspectives de mobilisation
 Atelier 1 : Brigitte Espuche
 Atelier 2 : Sara Prestianni
 Atelier 3 : Graham Hill

Discussion sur les perspectives de mobilisation

16h-18h séance plénière - Évolution et structuration du réseau Migreurop


Lieu de la rencontre
Auberge de jeunesse de Séville, c Isaac Peral n° 2 Séville
tel : 00 34 955056500

Hébergement
Des solutions d’hébergements en chambre double à prix modique (18,5€/nuit) ont été réservées à Séville. Pour réserver contactez l’association Pro Derechos Humanos de Andalucia : cadiz@apdha.org