Fiche pays Espagne (mise à jour)

Historiquement un pays d’émigration, l’Espagne est devenue à partir de la fin des années 90, un des pays « récepteurs » les plus importants d’Europe. Avec la grave crise économique qui a frappé le pays dans les années 2007-2008, les chiffres ont considérablement diminué. Récemment, les arrivées ont été revues à la hausse et l’Espagne est aujourd’hui l’un des principaux points d’entrée dite « irrégulière » du sud de l’Europe. Ainsi, elle joue un rôle particulièrement important dans la mise en œuvre des politiques européennes de contrôle, de dissuasion et de prévention de la migration, principalement depuis le continent africain. Ces politiques se caractérisent entre autres par la fermeture et la militarisation des frontières extérieures, la collaboration avec des pays tiers pour contenir les arrivées sur son territoire et la mise en place d’un « mécanisme de déportation » dans l’optique de trier, d’enfermer puis d’expulser les personnes jugées indésirables, avec souvent peu de considération pour leurs droits fondamentaux. La politique migratoire espagnole est considérée comme un modèle à suivre pour le reste des pays de l’Union européenne (UE).

Les gouvernements successifs (de tous bords politiques) ont mis l’accent sur la lutte contre « l’immigration irrégulière » pour contenir l’entrée des personnes venues d’Afrique Subsaharienne, et plus récemment, du Maghreb. Le durcissement progressif des normes régulant l’entrée et le séjour des personnes étrangères font que des milliers de personnes sont obligées de vivre en situation d’irrégularité en Espagne. Elles sont ainsi condamnées à vivre dans un vide juridique qui favorise la violation de leurs droits. En plus de la peur constante d’être expulsées, elles subissent entre autres le racisme, la discrimination, le manque d’accès aux services de santé de base et l’exploitation au travail.

Lorsque l’on aborde la situation des personnes migrantes en Espagne, il est important d’en faire une analyse intersectionnelle, qui mette en lumière les discriminations et les violences spécifiques vécues notamment par les femmes et les personnes LGBTQI. Il convient aussi de souligner la difficulté d’aborder correctement ces problématiques, étant donné que les personnes concernées sont largement invisibilisées.