En quoi consistent les « hotspots » pour les migrants ?
La Croix (France), 25/09/2015
De nouveaux centres d’enregistrement seront créés en Italie et en Grèce d’ici à la fin novembre pour distinguer les personnes éligibles à l’asile des « migrants économiques ».
De quoi s’agit-il ?
Pour faire face à la crise des réfugiés, les États membres de l’Union européenne ont pris toute une série de mesures, dont la création de centres d’enregistrement des migrants dans les pays portes d’entrée de l’Union européenne, à savoir la Grèce, l’Italie et la Hongrie. Mais la Hongrie, qui s’oppose aux quotas de répartition de réfugiés, refuse de faire partie du dispositif, même si elle a de facto ouvert un corridor de passage avec la Croatie et a enregistré un record de plus de 10 000 arrivées dans la seule journée de mercredi.
La déclaration des chefs d’État ou de gouvernement, à l’issue de leur réunion de mercredi, précise que ces « hotspots » (points chauds) doivent permettre « de procéder à l’identification, à l’enregistrement et au relevé des empreintes digitales des migrants et dans le même temps, d’assurer la relocalisation et les retours au plus tard d’ici novembre 2015 ».
Comment fonctionneront-ils ?
Six implantations sont déjà identifiées en Italie, quatre en Sicile (Pozzallo, Porto Empedocle, Trapani et Augusta), une sur l’île de Lampedusa et une à Tarente dans les Pouilles. En Grèce, les premiers centres devraient être implantés d’ici fin octobre sur les îles égéennes de Lesbos, Kos et Leros, a fait savoir hier le nouveau gouvernement. Deux centres sont en cours de construction à Lavrio près d’Athènes et à Thessalonique, dans le nord du pays. Et un quartier général sera installé au port du Pirée pour assurer la coordination.
Des équipes d’experts des agences européennes, l’agence de surveillance des frontières Frontex, le Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) et l’office européen de police Europol seront dépêchés sur les lieux pour aider à l’identification, au filtrage et à l’enregistrement des personnes, en partenariat avec les autorités nationales.
Ce dispositif a semble-t-il débuté de manière expérimentale en début de semaine à Lampedusa. Deux cent cinquante personnes, principalement des Érythréens, auraient été identifiées, avec prise d’empreintes et photos lundi et mardi, puis transférées dans des structures d’accueil, rapporte le réseau Migreurop.
Les migrants seront-ils libres de circuler ?
« Ces centres ne sont qu’un nouveau dispositif qui poursuit la politique dite ‘‘d’encampement’’ des étrangers », estime Olivier Clochard, chercheur au laboratoire Migrinter sur les migrations internationales du CNRS et de l’Université de Poitiers. Dès lors que les personnes seront reconnues éligibles à l’asile, elles devraient être transférées dans ces centres d’hébergement en attente de leur relocalisation dans un des pays européens.
« Les non éligibles seront vraisemblablement retenus dans des centres de rétention avant que ne soit organisé leur retour dans leur pays d’origine sous la houlette de Frontex et de l’Office international des migrations », envisage Claire Rodier, juriste au Gisti. Mais que se passera-t-il pour les ressortissants de pays tel le Soudan, le taux de reconnaissance du statut de réfugié étant très variable pour ceux-ci d’un pays européen à l’autre ? Comment les déboutés du droit d’asile pourront-ils déposer un recours ? Ces questions n’ont pas encore de réponse.
Lien vers l’article de Marie Verdier dans La Croix