France. Migreurop lance un site participatif pour dénoncer l’enfermement des étrangers

Courrier de l’Atlas (le magazine du Maghreb en Europe), 16/12/2013

Depuis quelques jours, le réseau Migreurop a mis en ligne closethecamps.org, un site qui recense les lieux d’enfermement des étrangers en Europe et même au-delà. Un site participatif pour plus de transparence sur des lieux au fonctionnement opaque.

Depuis une dizaine d’années, le réseau Migreurop travaille sur les populations migrantes et surtout sur le respect de leurs droits fondamentaux. Le réseau est constitué d’une quarantaine d’associations et de chercheurs français, belges, espagnols, italiens, anglais mais aussi turcs, libanais, mauritaniens... Autant de contacts qui ont permis de mettre à jour une cartographie, participative et évolutive, des lieux d’enfermement des étrangers. Le but étant de sensibiliser le grand public mais également de créer un outil utile.

Lieux invisibles

« Aujourd’hui, d’un côté il existe un processus de rationalisation de l’enfermement, avec des établissements d’une centaine de places comme à Chypre, en Grande-Bretagne ou à Roissy. Mais il existe également une multitude de lieux d’enfermement « invisibles », qui permettent aux gouvernements de fluidifier leurs pratiques et qui sont bien plus durs à identifier » explique Olivier Clochard, président du réseau Migreurop.

Cette cartographie permettra donc de situer également des lieux d’enfermement non-officiels. Une base de données pour informer la société civile mais qui a aussi un but pratique comme le confirme le président de Migreurop : « La cartographie pourraservir aux familles de migrants, pour savoir comment se rendre sur les lieux, avoir les numéros de téléphones... ».

Cartographie participative

Closethecamps.org est un site participatif et donc ouvert à tous mais pas n’importe comment : « Nous recoupons les informations, demandons plus de précisions en cas de doute. Le côté participatif, c’est aussi une façon de dire que nous ne sommes pas à l’abri d’une erreur et que les internautes peuvent aussi rectifier des informations » indique Olivier Clochard.

En observant la carte, certaines régions semblent concentrer un grand nombre de lieux d’enfermement mais ce n’est pas forcément représentatif comme le précise le président de Migreurop :

« En France, en Suisse et à Chypre, par exemple nous avons de nombreuses associations donc nous avons une bonne connaissance des lieux. Par contre au Maroc, nous avons plus de difficultés à recueillir des informations. Mais nous savons que certains commissariats ont servi de lieux d’enfermements suite à des rafles, à Rabat, Tanger ou Fès. Nous mettrons la carte à jour prochainement ».

Comparaison compliquée

Même si les motifs d’enfermement sont globalement les mêmes (pas de papiers), les conditions de l’enfermement varient d’un pays à un autre : « Parfois, les étrangers sont retenus dans des prisons, où une aile leur est réservée, comme en Suisse ou en Allemagne par exemple » souligne Olivier Clochard.

Ce dernier met également en lumière l’hétérogénéité des durées d’enfermement à l’échelle européenne : « Si en France la durée maximale est de 45 jours, en Suisse ou à Chypre elle peut atteindre 18 mois, soit le maximum autorisé en Europe. En Angleterre, qui ne fait pas partie de l’espace Schengen, la durée d’enfermement peut être encore plus longue ».

Mais attention, la France a une spécificité : « Les personnes peuvent être arrêtées plusieurs fois et la durée d’enfermement dans ces cas-là peut atteindre plusieurs mois ».

La cartographie des lieux d’enfermement sera, au début, mise à jour tous les quatre mois. Un outil qui permettra « à la société civile de prêter plus d’attention à ces lieux difficiles d’accès » et ainsi de rester vigilant quant à la défense des droits fondamentaux des migrants.

F. Duhamel

Pour voir l’article en ligne :
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