Afrique du Nord : deux plaintes contre X en Europe dans l’affaire des 72 naufragés africains

All Africa (Afrique), 18/06/2013

Le 27 mars 2011, soixante-douze migrants d’Afrique subsaharienne quittaient la Libye à bord d’un canot pneumatique en direction de Lampedusa. Le périple a viré au cauchemar.

Leur embarcation a dérivé pendant quinze jours avant de revenir en Libye, et ce sans que personne ne leur vienne en aide, alors même que les migrants ont croisé des bateaux militaires ou civils et même été survolés par un hélicoptère.

Seul neuf des passagers ont survécu. Ce mardi 18 juin, deux d’entre eux ont porté plainte contre X à Paris et Madrid. Une première plainte devant la justice française avait été classée sans suite l’an dernier.

Cette fois-ci, plusieurs ONG (FIDH, Ligue des droits de l’homme, Gisti, Migreurop) se sont constituées parties civiles pour qu’un juge d’instruction soit nommé. Elles comptent sur l’enquête pour savoir pourquoi personne n’est venu en aide aux naufragés.

Comment est-il possible, dans une mer quadrillée par des navires de guerre occidentaux en pleine opération contre l’armée de Mouammar Kadhafi en Libye, que personne n’ait sauvé ces 72 migrants en perdition ?

Quel pavillon flottaient à la poupe du bâtiment de guerre que les migrants affirment avoir rencontré ? Quel était la nationalité de l’hélicoptère qui les a survolés ?

Pour établir les responsabilités, et compte tenu du fait qu’un certain nombre de navires de guerre des marines européennes croisaient dans cette partie de la Méditerranée au moment du drame, les plaignants ont cette fois-ci porté l’affaire en justice dans plusieurs pays d’Europe.

Après la Belgique, deux plaintes contre X ont été déposées à Paris et Madrid. Bientôt, peut-être, une autre le sera au Royaume-Uni.

Patrick Baudouin, président d’honneur de la FIDH, partie civile dans ce dossier, explique : « C’est cet aspect international qui est vraiment déterminant, puisque l’intervention dans la zone était elle-même internationale. Il y a un double objectif dans cette plainte.

D’abord, essayer d’obtenir vérité et justice sur un drame humain totalement inacceptable. Le deuxième objectif est préventif, malheureusement.

Il y a de plus en plus de migrants qui partent dans des conditions extrêmement dangereuses, et il n’est pas possible de fermer les yeux, de laisser faire et d’abandonner des êtres humains en détresse à leur propre sort. »

Lors de leur longue dérive, les migrants ont émis des appels de détresse, relayés par les gardes-côtes italiens. Mais personne, ni civils ni militaires, ne reconnaît les avoir reçus. La marine française, mise en cause, réfute tout contact avec le canot.

Pour l’état-major, il est inconcevable que des navires ou appareils français aient pu contrevenir aux règles élémentaires d’assistance en mer. Son porte-parole indique que la marine française a d’ailleurs été blanchie lors du classement sans suite de la première plainte dans ce dossier.

Pour voir l’article en ligne :
http://fr.allafrica.com/stories/201306190533.html