Cinquième édition de la Carte des Camps
A partir des années 1990, tous les États membres de l’Union européenne (UE) ont développé des dispositifs législatifs, administratifs et politiques qui se matérialisent par l’installation de camps destinés à accueillir, trier, contrôler et renvoyer les étranger.e.s. Depuis 2002, le réseau Migreurop tente de recenser ces lieux d’enfermement afin de faire connaître leur existence à la société civile. La « Carte des Camps », dont la première édition remonte à 2003 [1], est la pierre angulaire du travail de sensibilisation mené par le réseau.
Des données alarmantes. Depuis, la généralisation de l’enfermement se renforce et le nombre de lieux de regroupement d’étranger.e.s ne cesse d’augmenter : en 2012, près de 420 lieux d’enfermement ont été recensés pour une capacité totale connue de 37 000 places. En 2009, 600 000 personnes « sans-papiers » ont été enfermé.e.s au sein de l’UE pour être expulsé.e.s et 500 000 ont été détenu.e.s à leur arrivée sur le territoire d’un Etat européen dans l’attente d’être refoulé.e.s. Depuis la dernière édition de la carte, en 2009, la durée maximale de la détention a augmenté bien au-delà du temps nécessaire à la mise en œuvre des expulsions : de 32 à 45 jours en France, de 40 à 60 jours en Espagne, de 2 à 18 mois en Italie, de 3 à 18 mois en Grèce.
Des données lacunaires. Pour certains pays (Allemagne, Autriche, Tunisie, etc.), aucune information précise relative à l’ensemble ou à plusieurs lieux de détention d’étranger.e.s n’est disponible ; même dans les cas où ces lieux sont identifiés, le nombre de personnes effectivement enfermées reste méconnu : car il est souvent supérieur à la capacité « officielle » des centres ; en outre, les autorités ont recours à une multitude de lieux [2] qui ne figurent pas dans les listes officielles (locaux (aéro)portuaires, prisons de droit commun, bateaux de la marine marchande, etc.) et un nombre imprécis de migrant.e.s sont mis.e.s à l’écart dans des campements informels (jungles de la région de la région de Calais, tranquilos de la région d’Oujda au Maroc).
Des chiffres qui ne rendent pas compte de la réalité de l’enfermement au quotidien. L’opacité des procédures, le manque d’information des détenu.e.s sur leurs droits, les difficultés ou le défaut d’accès à une aide juridique et à une assistance médicale, les traitements inhumains et dégradants, les conditions matérielles de détention souvent difficiles voire indignes, les violences exercées par les personnes détenues contre elles-mêmes et les entraves à l’accès de la société civile à l’intérieur des centres [3]
forment le quotidien des camps d’étrangers du XXIème siècle.
Le réseau Migreurop, qui milite pour la fermeture des camps d’étranger-e-s, demande aux gouvernements des États membres de l’UE et des pays situés à ses frontières de ne plus utiliser la détention à des fins de contrôle migratoire [4] .
La disponibilité, l’accessibilité et la diffusion d’informations sur la réalité de l’enfermement demeurent indispensables pour lutter contre ces politiques européennes. Pour cela ce vendredi, 30 novembre, le réseau présentera la cinquième édition de la « Carte des Camps ». La conférence de presse de présentation se tiendra de 10 à 11h au CICP (21ter rue Voltaire – 75011 Paris).
Le 27 novembre 2012
CONTACTS PRESSE : contact@migreurop.org 0033 (0)153278781