Camps d’étrangers en Turquie : un droit de regard toujours dénié

Communiqué de presse

Le 27 mai 2010, une délégation composée de parlementaires turcs et européens et de membres du réseau Migreurop dont RASP s’est rendue au centre de rétention de Kumkapi. Bien que la visite du centre fermé de Kumkapi ait été prévue et annoncée, les autorités turques ont refusé dans un premier temps que la délégation visite les espaces où les étrangers sont maintenus. Après une heure de négociation, seuls les parlementaires ont été autorisés à accéder au troisième étage où les femmes sont maintenues, à l’exclusion de tout autre espace de détention. Les contacts avec les hommes détenus n’ont pu se faire qu’au travers des grilles qui séparent l’espace administratif de ceux où ils sont enfermés, rendant tout entretien individuel impossible.

Le refus d’accès opposé aux ONG est emblématique du manque de transparence et du peu d’informations données aux étrangers pour faire valoir leurs droits, seuls les plus fortunés pouvant bénéficier de l’assistance d’un avocat.

A ce jour, seul le Haut commissariat aux réfugiés des Nations Unies (UNHCR) accède au centre de Kumkapi ; toutefois le nombre de demandes d’asile reste particulièrement faible au regard des 12 000 étrangers maintenus chaque année dans ce camp et dont près de 11 000 seraient expulsés. En 2009, seulement 72 demandes d’asile ont été enregistrées [1], et en 2010, leur nombre était, au moment de la visite, de 47. Beaucoup de personnes refusent de demander l’asile car bien que la procédure soit prise en compte par l’UNHCR [2], ils continuent d’être enfermés, pour de très longues durées, à Kumkapi.

Lors de la visite, 346 étrangers, parmi lesquels de très jeunes enfants, étaient enfermés dans le centre de Kumkapi dont la capacité est de 470 places. Dès leur arrivée au centre les familles sont séparées. L’accès aux soins est limité. La loi qui ne prévoit pas de durée maximale de détention et le caractère arbitraire de l’enfermement mis en place par les autorités turques conduisent de nombreux étrangers dans des situations de grande détresse, dont ils ont tenté de témoigner auprès de la délégation.

Migreurop demande au gouvernement turc que les ONG d’aide et de défense des droits des étrangers aient accès à l’ensemble des centres fermés afin de défendre les droits des détenus. Le réseau rappelle également son opposition à l’enfermement administratif des migrants et à la criminalisation de l’immigration, qui interdisent le respect des droits fondamentaux.