Rencontre du réseau Migreurop.
Enfermement, Frontex, réadmission.
Rencontre Internationale Migreurop Enfermement, Frontex, Accords de Réadmission Istanbul 27-28-29 mai 2010
Par delà les frontières de l’Union européenne, mais aussi dans les nombreux camps qu’elle a installés sur son sol, l’emmurement de l’Europe et la guerre aux migrants se masquent derrière les euphémismes de « politiques de voisinage », de « coopérations renforcées » ou de « partenariats pour la paix et le développement ». Ces dispositifs sont la pointe avancée d’une politique d’enfermement des étrangers, de contrôles répressifs aux frontières et d’une sous-traitance de la police des migrants à des pays où les violations des droits humains sont régulièrement dénoncées par les ONG et les organismes internationaux. Ce faisant, en même temps qu’à la vie de milliers de migrants et demandeurs d’asile, c’est à l’édifice « démocratique » européen que cette politique utilitariste porte atteinte, politique à courte vue niant tant les aspirations et les droits des populations du Sud que la possibilité de réduire les inégalités politiques, économiques et sociales.
De par sa situation géographique, la Turquie est une des principales portes d’entrée en Europe des migrants en provenance de pays en guerre (Afghanistan, Irak, Pakistan) et plus généralement de personnes originaires du Moyen Orient et d’Afrique. Candidate depuis plusieurs années à l’adhésion à l’Union européenne, elle est aujourd’hui amenée à négocier le rôle de garde-frontières que les 27 aimeraient la voir endosser, et risque ainsi d’accepter de « réadmettre » l’ensemble des migrants ayant transité par son territoire.
Depuis de nombreuses années, la frontière gréco-turque est une de ces nombreuses « frontières assassines » dénoncées par le réseau Migreurop. Les négociations en cours concernant l’accord de réadmission UE-Turquie ne doivent pas conduire à une nouvelle dégradation de la situation des exilés qui empruntent cette route migratoire. Les rencontres avec des parlementaires turcs et des députés européens seront une étape dans les mobilisations à venir : les élus comme les habitants des pays dits de transit ou de départ ont en effet le pouvoir d’enrayer la mécanique impériale de l’externalisation du contrôle des frontières. Quant au Parlement européen, fort de ses nouvelles compétences en matière de protection des droits et de politique étrangère, il a le devoir de stopper les dérives liberticides d’une politique policière dont l’agence FRONTEX (qui vient d’ouvrir un centre de gestion en Grèce) et la « directive de la honte » sont devenues les symboles.
De leur côté, les défenseurs des droits fondamentaux doivent aussi se saisir des nouveaux équilibres institutionnels issus du traité de Lisbonne. Ceux-ci peuvent être mis à profit pour contrer le « programme de Stockholm », adopté en décembre 2009, qui entend renforcer le processus d’externalisation de la politique européenne d’immigration. Dans cette optique, le réseau Migreurop s’est doté d’un groupe d’action juridique qui veillera notamment à ce que l’élargissement du mandat de la Cour de justice de l’Union européenne ne reste pas lettre morte. Il s’agit d’une des pistes qui seront explorées lors de la rencontre d’Istanbul. Son succès dépendra de la capacité des participants à faire valoir un « droit de regard » et à le traduire en des actions politiques et juridiques, pensées et mises en œuvre sur la base d’une implication commune de militants basés de part et d’autre des « frontières assassines » de l’Union européenne.
Lieu de la rencontre :
Mimar Sinan Fina Arts University
Salle : Sedad Hakkı Eldem Auditorium
Adresse : Meclis-i Mebusan Caddesi No : 24
Fındıklı 34427 İstanbul
JEUDI 27 MAI (après midi) : Rencontre ouverte à toutes les associations autour des Accords de réadmission
15h00 Présentation des actions du groupe réadmission de Migreurop (Brigitte Espuche, ANAFE-France)
15h30 Présentation de deux exemples de mobilisation : Italie et Mali
16h15-16h30 pause
16h30 La région gréco-turque et les accords bilatéraux (Ioanna Kurtovik Diktio-Grèce et Clemence Durand RASP-Turquie)
17h00- 18h30 : Débat sur les actions et revendications des associations, leurs réalisations et possibilités d’intervention
VENDREDI 28 MAI : L’enfermement
09h30 Accueil des participants
10h00 L’enfermement, clé de voûte des politiques européennes d’immigration (Claire Rodier, Migreurop)
10h30 La transposition de la directive retour en Italie (Filippo Miraglia, ARCI-Italie)
10h45 Les camps externalisés : l’exemple turc (Irem Arf , RASP-Turquie)
11h00-11h30 pause
11h30 Présentation de la Campagne droit de regard : actions et mobilisations (Laure Blondel, ANAFE-France)
11h50 Présentation du site Voix off-Voix d’enfermement (Julia Burtin, Migreurop)
12h00 L’accès dans les lieux d’enfermement, le cas libanais (Frontiers-Liban) et chypriote (Doros Polycarpou-KISA)
12h45-14h00 débat et discussion
14h00 : Pause déjeuner
15h00-16h30 Les mobilisations : méthodologie et exemple de mobilisations :
• L’action de l’AMDH face au camp externalisé de Nouadhibou (Youssouf Niane, AMDH-Mauritanie)
• Les mobilisations en Espagne contre les camps d’enfermement (Marta Martinez Sierra, SOS Racismo-Espagne)
• L’observatoire de l’enfermement (Konstantinos Papantoniou, GISTI-France)
• Mobilisation en Grèce et Turquie (Diktio-Grèce, Ayse Parla pour Migrants Solidarity Network-Turquie, Pırıl Erçoban pour Multeci der-Turquie)
16h30-17h00 : Pause
17h00-18h30 : Echanges sur les modes d’action, les possibilités d’intervention et les revendications des associations.
SAMEDI 29 MAI Frontex
09h30 Accueil des participants
10h00 Nouvelle stratégie Frontex 2010 (Evelyne Vanscheen-LDH Belgique)
10h20 Frontex et la région Grèce/Chypre/Malte/Italie (Diktio-Grèce, Kisa-Chypre, JRS Malte, ARCI-Italie)
11h35 : Pause
12h00-13h30 Débat : Quelles prises de position/ action en justice pour se mobiliser face à l’offensive Frontex ?
Après midi : CA de Migreurop à partir de 15h00