Rapport sur le naufrage d’Al Houceima

« La marine nous suivait, et pour arrêter la patéras, elle a utilisé un instrument tranchant, un couteau attaché à un bâton, qui a perforé le canot pneumatique, ce qui a provoqué la noyade de 29 personnes ».

V.C, ivoirien, 39 ans, survivant du drame du 28 Avril 2008 au large d’AL HOCEIMA

« La marine marocaine a essayé de sauver ma fille âgée de 3 ans, en pratiquant les manoeuvres de réanimation cardio-vasculaire mais c’était trop tard ».

Sa fille s’appelait SOSSES, une amie de l’équipe AFVIC CASABLANCA Alors que les résultats de l’enquête officielle relative aux événements de Ceuta et Melilla de septembre et octobre 2005 ne sont pas encore rendus publics, l’opinion nationale et internationale est scandalisée par un nouveau drame, mettant en cause des membres de la Marine Royale marocaine, soupçonné d’avoir crevé un canot pneumatique comportant à son bord des migrants, causant la mort de 29 personnes, dont 4 enfants et 4 femmes, tous originaires d’Afrique subsaharienne. Malgré la médiatisation de certains drames, de nombreux autres passés sous silence ont fait de 2007 une année macabre dans l’histoire de la migration contemporaine : on estime à plus d’un millier le nombre de migrants noyés dans des tentatives mêlant désespoir et conviction de trouver un avenir meilleur en Europe. Les responsables africains, soucieux de la pérennité de leurs régimes et non du devenir de leurs peuples, trouvent leur compte dans cette « politique volontariste du laisser-faire » : toujours moins de pression sociale et toujours plus de transferts en devise. L’Union Européenne, tiraillée entre la sécurité de ses membres et la recherche d’une main d’oeuvre toujours moins coûteuse, a fait le choix de mettre la pression sur d’autres Etats, en sous traitant la répression et en sacrifiant les principes fondamentaux des Droits humains. En effet, ces politiques se font contre la volonté des peuples, et en connivence avec des régimes en faillite : l’Europe sacrifie la démocratie, pourtant seul moyen susceptible de donner aux « citoyens » du sud le libre choix de rester chez eux et de participer activement au développement de leur pays. Avant d’exposer les résultats de l’enquête menée par l’équipe de l’association AFVIC (Amis et Familles des Victimes de l’Immigration Clandestine) suite au drame d’AL HOCEIMA, nous tenons à clamer que SOSSES, cette fillette de 3 ans, si chère à notre association, atteinte d’une tuberculeuse osseuse et qui avait pu vaincre sa maladie, méritait de vivre. Tout comme nos milliers d’amis, soeurs et frères, victimes de l’hypocrisie des gouvernements du Nord et de la faillite des gouvernements du Sud.