Sit-in de réfugiés devant le HCR à Rabat
En juillet 2006 déjà, une centaine de réfugiés ont organisé un sit-in de protestation devant les locaux de la délégation du HCR à Rabat pour essayer de faire entendre leurs revendications. Fiston Massamba, du Conseil des Migrants Subsahariens au Maroc, a tenu la chronique de cette mobilisation, publiée sous le titre Mouvements aux frontières dans Vacarme n°37 (automne 2006).
Depuis 2003-2004, l’Union européenne, dans le cadre de l’« externalisation » de sa politique d’immigration et d’asile, fait pression sur le Maroc pour que ce pays joue le rôle de garde-frontières en empêchant migrants et exilés qui jusqu’alors transitaient par son territoire de poursuivre leur route vers l’Europe. Les conséquences de ce déplacement du contrôle sont lourdes. Les événements de l’automne 2005, qui ont vu plusieurs Africains tomber sous les balles de l’armée marocaine alors qu’ils tentaient de franchir la frontière hispano-marocaine à Ceuta et Melilla en sont la manifestation la plus dramatique [1]. Le sort des demandeurs d’asile et des réfugiés aujourd’hui contraints de demeurer au Maroc témoigne d’une autre façon de l’absurdité d’un système imposé par l’Union européenne avec la collaboration du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR). Au nom d’un illusoire « partage des responsabilités », l’accueil et à la prise en charge des demandeurs et réfugiés est confié à un pays qui ne dispose ni des infrastructures, ni du dispositif juridique nécessaires. Harcelés et soumis à des conditions de vie extrêmement précaires, puisqu’ils n’ont pas la possibilité de travailler et ne bénéficient d’aucune assistance financière ou sociale, les demandeurs d’asile ne voient guère leur situation s’améliorer lorsqu’ils sont reconnus réfugiés au terme de la procédure instruite par le HCR. Aussi, au cours du mois de juillet 2006, une centaine d’entre eux ont organisé un sit-in de protestation devant les locaux de la délégation du HCR à Rabat pour essayer de faire entendre leurs revendications.
Chronique de cette mobilisation, première du genre au Maroc, tenue par courrier électronique par un de ses acteurs, Fiston Massamba, et envoyée au fil des jours aux militants français. Demandeur d’asile au début de la mobilisation, il se vit reconnaître le statut de réfugié par le HCR deux semaines plus tard, ce qui ne lui fit rien perdre de sa lucidité.
Document recueilli par Claire Rodier
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