Communiqué commun sur les mort·e·s dans la Manche du 14 décembre 2022
Action collective
Une semaine après le décès, dans un naufrage, de quatre personnes cherchant à rejoindre le Royaume-Uni depuis la France, Migreurop se joint aux organisations de la société civile et militant·e·s du Royaume-Uni, de France, de Belgique et d’ailleurs pour commémorer ces morts et dénoncer les politiques meurtrières auxquelles font face les personnes exilées des deux côtés de la Manche.
Une semaine après la mort de quatre personnes exilées dans un naufrage dans la Manche, des associations de la société civile et des militant·e·s du Royaume-Uni, de la France, de la Belgique et d’ailleurs se sont réunies pour commémorer celles et ceux qui sont mort·e·s et demander la fin immédiate de l’environnement hostile auquel sont confronté·e·s les exilé·e·s des deux côtés de la Manche.
Il y a une semaine, nous apprenions qu’une importante opération de sauvetage était en cours dans la Manche pour secourir des personnes qui tentaient de trouver refuge au Royaume-Uni à bord d’une embarcation de fortune. Des reportages ont ensuite confirmé que quatre personnes étaient mortes, certaines toujours portées disparues, et d’autres hospitalisées et luttant pour leur vie. Les services d’urgence ont pu sauver 43 personnes, dont 12 enfants, des eaux glacées aux premières heures du matin. Depuis, un jeune homme de 19 ans a été mis en cause pour « aide à l’immigration illégale » en relation avec cet incident.
Nos pensées vont aux proches des personnes décédées mercredi dernier. Mais ces décès ne sont pas une « tragédie accidentelle ». Ils sont, au contraire, le résultat d’un choix politique des gouvernements britannique et français qui continuent de réduire les options sûres pour traverser les frontières, obligeant les exilé·e·s à entreprendre ces voyages périlleux. Les deux pays ont renforcé leur approche sécuritaire et militarisée envers l’immigration. Alors que les deux gouvernements refusent de changer de cap, nous voyons la Manche devenir un charnier comme la Méditerranée.
En France, l’environnement est de plus en plus hostile aux exilé·e·s, avec des violences policières, des expulsions, des vols de tentes et d’effets personnels. S’ils et elles survivent à tout cela, et à la périlleuse traversée, l’environnement également hostile du Royaume-Uni les criminalise ensuite.
Ces décès ne se sont pas produits de manière isolée - ce n’est que le dernier événement d’une série de décès à la frontière. Un an seulement s’est écoulé depuis la dernière hécatombe dans la Manche, qui a fait plus de 30 morts. Trois ans que les corps de 39 personnes ont été retrouvés dans un camion dans l’Essex. Plus de 20 ans que 58 personnes ont été retrouvées dans un camion à Douvres.
L’histoire continuera à se répéter si les gouvernements britannique et français poursuivent leur politique de fermeture des frontières.
Ce dernier événement survient alors que les gouvernements français et britannique ont annoncé des mesures encore plus sévères à l’encontre des exilé·e·s, que de nouveaux accords bilatéraux ont été conclus entre la France et le Royaume-Uni et qu’une décision de la Haute Cour a jugé légal le programme d’expulsion au Rwanda. Aucune de ces politiques répressives, ni l’arrestation d’un adolescent présumé coupable, ne seront une réponse acceptable pour lesquelles les gens risquent leur vie en mer.
Ces politiques constituent une attaque contre les personnes qui sont forcées de fuir la guerre, les conflits et les persécutions en quête de sécurité.
Nous n’avons pas besoin d’autres commentaires creux de la part des gouvernements français et britannique semblant déplorer ces mort·e·s. Les deux gouvernements doivent agir et mettre fin à l’environnement hostile pour les exilé·e·s des deux côtés de la Manche. D’ici là, nos systèmes de migration et d’asile continueront à fonctionner exactement comme ils ont été conçus - pour créer la dévastation et la cruauté. Nous sommes reconnaissant·e·s pour les actions des sauveteur·ses et de toutes les personnes impliquées dans le soutien aux personnes en déplacement, mais nous reconnaissons qu’il ne s’agit que de mesures palliatives à un système défaillant conçu pour opprimer.
Nous avons besoin de la liberté de circulation et de l’accès à des options sûres pour traverser les frontières, maintenant plus que jamais, afin d’éviter davantage de personnes en détention, d’expulsions et de décès.
Voir la liste des signataires ici.