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Histoire(s) d’immigration

L’asile aux antipodes

Lorsque, en 1947, l’armée australienne dut baptiser son nouveau centre d’essais de tir de missiles, à 500 km au nord d’Adélaïde, elle choisit le mot aborigène « woomera », qui désigne l’outil utilisé pour chasser le kangourou dans le désert central de l’Australie. Par la suite, en collaboration avec les Britanniques, Woomera servit pour des essais d’explosions atomiques. Considérés comme sacrés par les Aborigènes, ces espaces désertiques furent décrétés zone interdite, sur 130 000 km2 — la superficie de l’Angleterre !

Dans les années 1960, le site hébergea un pas de tir pour le lanceur spatial européen Ariane — dans sa version dénommée Europa. A proximité se trouvent deux mines d’uranium, où des accidents ont occasionné des émissions radioactives. Par ailleurs, le gouvernement fédéral envisage d’installer dans la zone un site de stockage de déchets nucléaires.

Produit du colonialisme australien, poubelle nucléaire perdue au milieu de nulle part, Woomera était vouée, par une sorte de fatalité symbolique, à « accueillir » les réfugiés débarquant sur le sol australien... Adoptée en 1992 à l’initiative des travaillistes, une loi, unique au monde, permet au gouvernement d’interner les demandeurs d’asile sans procès ni examen et pour une période indéterminée. Elle vient se substituer à la politique d’immigration réservée aux Blancs (« White Australia »), supprimée en 1973. Dans un camp de Woomera, 800 hommes, femmes et enfants — en majorité iraniens, pakistanais ou afghans — sont ainsi parqués derrière des barbelés et doivent travailler pour se procurer les quelques « points » qui leur permettront de s’acheter des vivres ou du shampooing. Dans les cinq centres de rétention que compte l’Australie, près de 3 000 réfugiés attendent que l’on statue sur leur sort.

L’annonce, fin janvier, que 246 d’entre eux avaient commencé une grève de la faim — 44 allant même jusqu’à se coudre les lèvres — n’a guère ému le ministre de l’immigration, M. Philip Ruddock. Son gouvernement avait auparavant fait preuve de (...)

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Philippe Rivière

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