Camp d’Otopeni (Roumanie) : « Nous ne sommes pas des animaux ! »

Témoignage récolté par téléphone les 13 et 14 juin 2012.

Les détenus du centre d’Otopeni (Roumanie) continuent à appeler le bureau de Migreurop pour faire entendre leur voix. Monsieur A., marié à une roumaine depuis bientôt deux ans, ne comprends pas les raisons de sa détention. Il raconte les conditions de vie dans le centre, son incompréhension et sa révolte.
Témoignage récolté par téléphone les 13 et 14 juin 2012.

Le 13.03.2012 - Matin
"Aujourd’hui, ils ont amené de la nourriture dans une camionnette sans refroidissement, dans un climat de 40°. La nourriture ? C’est de l’eau colorée avec des morceaux.

Avec d’autres détenus, nous avons vu les agents du centre remettre dans les marmites de la nourriture qui était tombée par terre. On a prévenu tous les autres détenus. S’ils n’ont pas l’argent pour nous nourrir, pourquoi ils nous gardent ici ? Personne ne va manger. Ca va nous faire des problèmes.

Nous sommes 12 par chambre.

Ce sont les retenus qui doivent faire le nettoyage dans le centre.

Nous ne sommes pas des animaux !

J’ai un diplôme d’économie et de gestion et je suis marié à une Roumaine. J’ai suis allé devant le tribunal avec une avocate. Le juge n’a pas accepté mon avocate et j’ai du me défendre seul. Cela fait une semaine et je n’ai toujours pas reçu la décision du tribunal. Je ne sais pas pourquoi je suis ici."

L’après midi même, M.A. est en cellule d’isolement.

14.06.2012
"Je suis encore dans la chambre d’isolement. Ils me punissent parce qu’à cause de moi, personne n’a mangé la nourriture tombée par terre.

Les gardiens m’ont dit : « Dans votre pays, vous n’avez rien à manger. Si tu refuses de manger, on va utiliser la force contre toi. »

J’ai battu contre la porte de ma chambre. J’ai demandé à sortir, à parler avec le commandant. Je veux des explications !

Je comprends le roumain. J’ai entendu les gardiens dire « Laissez-le, on parle pas avec lui ».

Ils m’autorisent à parler pour traduire, pas pour parler des mauvais traitements.

Depuis, ils ne me laissent plus manger avec les autres retenus. Ils viennent me chercher après que tout le monde ait mangé et je mange seul avec deux gardiens pour me surveiller.

Je suis puni seulement parce que j’ai parlé. Mais je crois que j’ai le droit de parler, car nous ne sommes pas animaux pour manger de la nourriture tombée par terre et transporté sans système de refroidissement avec 40° !

C’est normal ? Non, je ne crois pas que c’est normal. C’est catastrophique ce qui se passe ici. C’est pareil que la prison."

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