Le détournement de l’approche hotspot en Italie
Trois ans après, alors que les arrivées de migrant.e.s sur le territoire italien diminuent, l’« approche hotspot » (mai 2015) s’est traduite par la mise en place de camps dans lesquels les violations des droits des étrangers se sont multipliées. En Italie, cinq camps sont opérationnels : Lampedusa (depuis le 1er octobre 2015), Trapani (depuis le 22 décembre 2015), Pozzallo (depuis le 19 janvier 2016), Tarente (depuis le 29 février 2016) et Messine (depuis septembre 2017). Leur objet et fonctionnement sont prévus dans deux documents : la feuille de route du Ministère de l’Intérieur italien (2015) et les Procédures Opérationnelles Standards (SOP) européennes.
Depuis leur création, de nombreux rapports d’associations ont mis en évidence la violence de ces lieux de privation de liberté et de tri : la coercition, la détention arbitraire, les expulsions et refoulements massifs, ainsi que de graves violations des droits fondamentaux, notamment du droit d’asile.
Avec l’externalisation croissante du contrôle des frontières européennes et la coopération avec les pays dits tiers, les arrivées sur le territoire européen, et notamment italien, sont en nette diminution depuis 2016. A quoi servent alors ces camps ? Le détournement des fonctions premières du « hotspot » ne peut plus désormais être ignoré : l’Italie utilise ces camps tantôt comme centres d’accueil, et plus fréquemment comme sas d’expulsion. Les « hotspots » sont en réalité des camps de détention, soustraits au regard de la société civile, symboles de l’opacité des politiques migratoires européennes et du non-respect des droits des étrangers.