“La détention des migrants dans L’Union européenne : un business florissant” un rapport de Lydie Arbogast
Lignes de force (France), 07/11/2016
L’association Migreurop et le bureau de Bruxelles de la Rosa Luxembourg Stiftung (fondation proche du parti de gauche allemand Die Linke) viennent de publier ce rapport rédigé par Lydie Arbogast.
EXTRAIT
Des multinationales au service de la rétention administrative française
Si l’enfermement administratif des étrangers demeure principalement une affaire publique en France, la sous-traitance des activités qui y sont liées permet néanmoins à une myriade d’entreprises privées de profiter des retombées économiques des cra [centres de rétention administrative]. Depuis 2004, les collectivités publiques peuvent confier à des prestataires le financement, la construction, la maintenance et la gestion de structures collectives comme les éclairages publics, les collèges, les hôpitaux, mais aussi les centres de rétention administrative. À chaque construction ou rénovation de cra, sont lancés des appels d’offres sur des marchés publics. y participent les multinationales françaises du Btp (Bâtiments et travaux publics) et leurs filiales. c’est ainsi que le groupe Bouygues a participé, à travers ses diverses succursales, à la construction ou à l’extension de près d’une quinzaine de cra dans le cadre de partenariats « public-privé » (ppp). En contrepartie, l’État lui verse des loyers jusqu’à échéance des divers contrats de partenariat. Une fois le centre construit, la prise en charge de divers services liés à son fonctionnement (restauration, blanchisserie, entretien, etc.) permet aussi de générer du profit. les aéroports, les compagnies d’aviation, de transport maritime ou de bus prennent également leur part du butin puisque, après la rétention, il faut assurer les reconduites à la frontière.
Comble du cynisme, le 10 août 2010, quatre travailleurs sans-papiers employés sur le chantier de l’extension du centre de rétention administrative (cra) du Mesnil-Amelot (Seine-et-marne) ont été interpellés par les forces de l’ordre et enfermés en rétention dans ce même centre. Tous les quatre travaillaient pour Screg (filiale de Bouygues), l’une des entreprises sous-traitantes ayant passé le marché avec le ministère de la défense pour l’extension du camp. Bouygues a fait construire à ces travailleurs sans-papiers leur propre prison…
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