Externalisation tous azimuts : de l’arrangement UE - Turquie aux Migration Compacts en Afrique
Note Migreurop n# 5 - Avril 2017
Le contrôle des frontières extérieures de l’espace Schengen se délocalise au travers d’une sous-traitance de plus en plus souvent confiée à des pays de transit ou de départ. Le blocage des personnes en migration passe ainsi par la politique de voisinage, la signature d’accords divers (coopération, aide au développement, gestion concertée des flux migratoires ou réadmission) et de nouveaux outils comme les Migration compacts. Les pressions sur les États d’Afrique ou du Moyen-Orient pour qu’ils promulguent des lois réprimant « l’émigration illégale » complètent cette délégation de la surveillance des frontières de l’Union européenne (UE).
Les mécanismes de tri de l’approche hotspot (cf. Note Migreurop #4) relèvent aussi de ce processus. L’UE veut s’épargner d’accueillir les exilés, et ne fait aucun cas de la volonté ni de la capacité d’autres pays à les prendre en charge. Elle abandonne ainsi des personnes fuyant des guerres, des dictatures ou des régions sinistrées à la Turquie d’Erdogan, au Niger – un des pays les plus pauvres de la planète – voire à la Libye, un État failli, en proie à de multiples luttes armées, mais identifié comme principal partenaire des négociations à venir.