Camp d’Arad (Roumanie) : Menotté et tabassé pour du feu.

Témoignage des détenus récoltés le 26/03/2012

Migreurop est en contact depuis quelques semaines avec des détenus du centre de rétention d’Arad en Roumanie. Ils ont déjà témoigné de leur situation le 8 mars 2012 : Camps d’Arad (Roumanie) : "on est en enfer". Des mobilisations ont eu lieu au niveau national notamment des associations, des militants et des journalistes suite à la diffusion de ce premier témoignage. Ainsi, plusieurs médias se sont rendus au centre de rétention d’Arad la semaine dernière afin d’entrer pour avoir un regard sur la situation. Cet accès leur a été refusé. Les détenus ont aujourd’hui contacté Migreurop pour lui raconter la situation dans le centre suite à ça et notamment la journée du samedi 24 mars 2012 (voir en dessous)

Alternatives Européennes et
Migreurop dans le cadre de la campagne Open Access pour un accès inconditionnel des associations et des médias dans les camps d’Europe et d’ailleurs continuent de se préoccuper de la situation des détenus d’Arad et demandent à l’Office Roumain de l’Immigration l’accès des journalistes et de toute personne ou association qui souhaiteraient entrer dans ce centre.

« La semaine dernière, mercredi 21 mars, des journalistes sont venus pour essayer de rentrer dans le centre de rétention pour nous voir mais le directeur n’a pas été d’accord. On les a appelés par les fenêtres pour leur dire de rentrer nous voir mais ils n’ont pas pu.
Ce week end, on a eu l’impression qu’on a été puni à cause ça. On a encore moins eu le droit de sortir de nos cellules pour aller dans le couloir, surtout samedi que 30 ou 45 minutes. On n’a pas eu le droit d’acheter des cigarettes non plus. On nous a coupé l’eau aussi le samedi. Un des détenus qui est au camp depuis longtemps nous a dit qu’on allait tous avoir des ennuis car les gendarmes avec les gaz lacrymogènes étaient là. Quand ils viennent au centre c’est pour nous frapper et nous gazer. Ils ne sont pas là tout le temps, ils viennent quand c’est tendu au centre. Samedi, ils étaient là.

A un moment, le même jour, un des détenus qui était dans sa cellule a demandé du feu à un des gendarmes du centre pour allumer une cigarette. On ne lui en a pas donné, il a commencé à s’énerver. Il faut savoir que ce Monsieur ne va pas bien dans sa tête, il ne devrait pas être là, il est très fragile. Deux gendarmes qui étaient là ont alors ouvert la porte de la cellule, l’un d’entre eux a plaqué le deuxième détenu présent dans la cellule au sol pendant que l’autre gendarme a menotté les mains dans le dos le détenu qui avait demandé du feu. Ensuite, il a tabassé le détenu menotté. Il l’a massacré. On l’a entendu crier pendant près d’une minute. Ensuite, les gendarmes l’ont laissé comme ça dans la cellule, ils ont refermé la porte et sont partis. Il n’a pas pu marcher jusqu’à la fin du week end. Il avait la tête gonflée, son nez a saigné et tout son corps était plein de bleus. Il n’a pas eu d’accès à des soins.

Les gens vont mal dans ce camp, ils deviennent fous. Ceux qui « pétaient le plus des câbles » ont été transférés à l’autre centre de rétention, celui d’Otopeni.

Il faut nous aider. »

Les détenus du centre d’Arad

Contact presse : 0033 1 53 27 87 81