Halte aux expulsions abusives
Depuis que la Mauritanie a cédé aux pressions de l’Espagne et des Etats membres de l’Union Européenne et transformé une école primaire à Nouadhibou en centre de rétention de migrants, les ressortissants subsahariens sont devenus la cible de la politique sécuritaire et restrictive des libertés de circulation dans le pays en général et dans cette ville en particulier.
Avec le déploiement de l’opération « Frontex » aux côtés de la police mauritanienne, notre pays s’est érigé en gendarme de l’Europe en enfermant dans ce centre les migrants interceptés par la Guardia Civil espagnole et la Marine Nationale en haute mer et ce, avant leur refoulement vers les frontières avec le Mali ou le Sénégal.
Ces arrestations et refoulements qui se sont toujours effectués en dehors de tout cadre juridique, ont déjà été dénoncés par notre Organisation comme étant une violation flagrante des principes élémentaires du droit consacrés par la Constitution de 1991 et les textes internationaux de droit de l’homme ratifiés par la Mauritanie et en vertu desquels nul ne peut être poursuivi, arrêté, détenu ou puni en dehors des cas déterminés par la loi.
Aujourd’hui encore, les autorités nationales, convaincues de l’efficacité des méthodes dictés par les européens et déterminées à poursuivre cette véritable « chasse aux sorcières » mènent désormais une campagne d’arrestations par petits groupes à l’intérieur de la ville.
Plusieurs témoignages recueillis font état de perquisitions de jour comme de nuit dans les domiciles des migrants ou sur les lieux de travail et leurs arrestations dans des conditions souvent inhumaines sans le moindre respect des procédures légales et sans notification d’aucune charge ; leur enfermement pendant plusieurs jours voire des semaines avant leur expulsion.
Au cours de ces opérations certains se sont plaint d’avoir été victimes de racket, de mauvais traitements et de d’injures à caractère raciste.
Devant la gravité de ces pratiques, l’antenne AMDH de Nouadhibou :
- Condamne les violations répétées des droits des personnes migrantes vivant dans notre pays perpétrées au nom de la lutte contre l’immigration irrégulière.
- Demande aux autorités d’assurer la protection des subsahariens installés sur le territoire national dans leur personne et dans leur bien conformément à la Constitution.
- Rappelle à la Mauritanie le respect de ses engagements internationaux souscrits dans la Convention Internationale sur la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leurs familles et la Convention de Genève sur le statut des Réfugiés.
- Dénonce cette politique répressive et d’exclusion à l’encontre de ces étrangers ressortissants des pays voisins et les conséquences négatives qu’elle peut entrainer sur les relations entre notre pays et les pays d’origine des migrants.
- Réitère son exigence pour la fermeture du centre de rétention de Nouadhibou qui est loin d’être une priorité pour la Mauritanie et sa réaffectation à sa mission originelle d’enseignement, un secteur dont le pays a plus besoin.
- Préalablement à cette fermeture, demande aux autorités l’autorisation d’accès au centre pour pouvoir observer les conditions d’enfermement et d’expulsion des migrants.