Visite du CIT de l’aéroport de la Portela (Lisbonne)

Un centre d’accueil pour des durées de séjour plus longues va être ouvert à Lisbonne cette année, celui de Porto va fermer.

La Brésilienne Arlene Sousa Barros était hier la seule occupante du centre de séjour temporaire (CIT) de l’aéroport de la Portela, à Lisbonne, qui accueille des personnes qui, pour diverses raisons, ne sont pas admises à entrer au Portugal. Elle était arrivée à 7h en provenance de Brasilia mais s’est vu refuser l’entrée parce qu’elle n’avait pas de visa de travail en règle. Assise sur son lit, Arlene attendait de rentrer au Brésil par le prochain vol. Près de quatre mille personnes dans la même situation sont passées, en 2008, par la Portela.

Les installations sont précaires : deux ailes de bâtiment, deux chambres dans chacune, hommes et femmes séparés, des salles de douche exigües. Pas de fenêtre, des carrés luminescents au plafond remplacent la lumière du jour. Un canapé, des tables et des chaises en bois, et un poste de télévision meublent la salle commune. Sur la porte de métal qui la ferme, quelqu’un a réussi à graver une phrase en français : "Un lion ne meurt jamais". Le règlement est affiché en portugais, anglais et français.

Le CIT recevait hier la visite de députés portugais - Celeste Correia (PS), Helena Pinto (BE), Miguel Tiago et Pedro Guerreiro (PCP) (la droite, invitée, n’est pas venue). L’initiative émanait de l’organisation Solidariedade migrante et a eu lieu en même temps dans plusieurs pays de l’Union européenne, dans le cadre de la campagne lancée par le réseau Migreurop pour "le droit de regard dans les lieux d’enfermement d’étrangers".

Le responsable du CIT, Luis Quelhas, a admis dans une conversation avec Helena Pinto que, s’il vivait dans les mêmes conditions que certaines des personnes qui arrivent ici, il aurait probablement tenté la même aventure. "Nous le ferions tous. D’ailleurs, nous l’avons fait" a ajouté la députée, évoquant les Portugais des années 60 et 70 qui ont émigré illégalement en France.

Selon le directeur du Service des étrangers et des frontières, Jarmela Palos, qui conduisait la visite, les personnes ne restent en moyenne qu’un ou deux jours au centre de Lisbonne. C’est ici que transitent 80% des étrangers qui tentent d’enter illégalement au Portugal par voie aérienne. Il n’est par conséquent pas logique que le seul centre d’hébergement soit à Porto, a reconnu Jarmela Palos, ajoutant que le transfert du centre vers la capitale sera effectué d’ici la fin de l’année.

Le centre de Porto, qui fonctionne depuis mai 2006 et peut accueillir 30 adultes et 6 enfants, devrait fermer - "un seul centre suffit", garantit le directeur du service des étrangers et des frontières. Dans un premier temps, celui de Lisbonne aura la même capacité mais il y aura des possibilités d’extension.

Jarmela Palos a rappelé que "dans le passé les immigrants irréguliers allaient en prison, comme s’ils étaient des criminels". Les députés l’ont interrogé sur les défaillances du système d’assistance juridique (car la loi qui prévoit que tous les étrangers se voient proposer cette assistance en temps utile, approuvée en juillet 2008, n’est toujours pas appliquée).

3 892 étrangers se sont vu refuser l’entrée au Portugal

79 demandes d’asile ont été déposées (plus de la moitié a été acceptée)

796 personnes sont passées par le centre d’hébergement de Santo António, à Porto, pour une durée de séjour de 20 jours en moyenne