Pour un "droit de regard" au centre de rétention de Nouadhibou (Mauritanie)

Communiqué AMDH

Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH)
Antenne de Nouadhibou

Communiqué

Dans le cadre de la campagne initiée par le réseau Migreurop dont le thème est « Droit de regard dans les lieux d’enfermement des étrangers », l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme par l’intermédiaire de son antenne de Nouadhibou, organise une journée de Sensibilisation sur les conditions d’arrestations, de rétentions et de refoulement des migrants.

Cette journée sera mise à profit par les organisateurs pour faire un de point de presse devant des journalistes afin d’informer les médias et les différents acteurs nationaux sur les principaux axes des politiques migratoires de l’Union Européenne et de certains pays de départ et de transit de migrants.

Ces politiques reposent fondamentalement sur le durcissement des conditions d’entrée et de séjour, le renforcement des mesures de contrôles aux frontières intérieures et extérieures de l’Europe, la criminalisation et la répression des candidats à l’immigration à travers une généralisation de l’enfermement.

En 2003, les autorités mauritaniennes ont signé avec le gouvernement espagnol un accord sur la gestion des flux migratoires à la suite duquel un centre de rétention a été ouvert à Nouadhibou pour y enfermer les migrants interceptés en mer ou soupçonnées de voyager vers les Canaries.

Ce centre que les autorités qualifient « d’accueil » s’apparente à une véritable prison car les migrants y sont enfermés dans des cellules restreintes, sur des lits superposés, avec des effectifs allant jusqu’à 30 personnes, sans aération suffisante ni lumière du jour. Ils n’ont pas toujours la possibilité de sortir.

Ceux qui veulent aller aux toilettes doivent attendre plusieurs heures et parfois sont contraints de faire leurs besoins dans des seaux placés à l’intérieur. Les éléments de la police qui assurent la surveillance refusent souvent de leur ouvrir les portes sous prétexte de risque d’évasion.

Le centre ne fait l’objet d’aucune réglementation fixant la durée de la détention, les motifs de refoulement et les possibilités pour les ONG d’y accéder.

Les migrants peuvent y être enfermés plusieurs semaines avant d’être reconduits puis abandonnés à la frontière avec le Mali ou le Sénégal et ce, quelque soit leur nationalité

En dépit de cette politique restrictive de déplacement, les statistiques démontrent que le mouvement migratoire reste toujours important en Mauritanie et dans la sous région ouest africaine.

Devant cette dure réalité, nous faisons un appel aux autorités publiques pour faciliter aux organisations de la société civile spécialisées l’accès à tous les lieux d’enfermement d’étrangers pour s’informer sur les conditions de rétention.

Nouadhibou le, 31/01/2009

AMDH / NDB