Immigrants noyés : Amnesty appelle Rabat à lancer une enquête ’indépendante’

Londres : Amnesty International a appelé jeudi le gouvernement marocain à lancer une "enquête indépendante et impartiale" sur des accusations selon lesquelles des soldats marocains auraient provoqué la noyade d’au moins 28 immigrants clandestins africains fin avril.

Disant avoir "parlé avec des survivants", l’organisation de défense des droits de l’Homme basée à Londres précise que, selon leurs témoignages, "au moins 28 personnes sont mortes noyées, dont quatre enfants de deux à quatre ans".

"Des rescapés disent que leur canot pneumatique, où 72 d’entre eux étaient montés, a été approché par quatre Marocains membres des forces de sécurité à bord d’un bateau, qui leur ont demandé de s’arrêter", ajoute Amnesty dans un communiqué.

Les clandestins, qui tentaient de rejoindre l’Espagne, "ont dit avoir refusé de s’arrêter". "Les forces de sécurité marocaines se sont alors approchées de leur embarcation, ont commencé à la secouer, et l’un des membres des forces de sécurité a percé le canot pneumatique à quatre endroits avec un poignard", selon Amnesty.

Le Maroc a catégoriquement démenti ces accusations, qui avaient été publiées par le quotidien espagnol El Pais. Les autorités marocaines ont seulement admis le décès de 10 migrants clandestins subsahariens, après le chavirement de leur embarcation.

Selon un envoyé spécial du journal El Pais, ayant recueilli des témoignages, entre 29 et 33 migrants, dont quatre enfants, sont morts noyés le 28 avril au large d’Al Hoceïma (nord-est du Maroc), leur embarcation pneumatique ayant été crevée à coups de couteau par des soldats.

Amnesty exige que les résultats de l’enquête soient rendus publics et que les responsables soient jugés. L’organisation souligne cependant que des enquêtes semblables, ouvertes par Rabat sur la mort par balles de clandestins dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Mellila en 2005 et au Sahara Occidental en 2007 "n’ont toujours pas abouti".

AFP