Une vague record de clandestins "submerge" les Canaries

Le Figaro

Confrontées depuis plusieurs mois à une situation sans précédent, l’archipel espagnol a enregistré un nouveau record d’immigrants clandestins avec 1.600 arrivées en seulement trois jours. Lundi matin, deux nouveaux bateaux de pêcheurs sont arrivés en provenance des côtes d’Afrique subsaharienne avec 227 passagers à leurs bords, dont 12 enfants. Depuis jeudi, des vagues successives d’immigrants ne cessent d’affluer vers l’archipel : 586 jeudi, 416 vendredi, 674 samedi et 759 dimanche.

Le cap symbolique des 20.000 arrivées depuis le début de l’année a été franchi, soit plus du double du record annuel enregistré en 2002 et quatre fois plus qu’en 2005. Le nombre de personnes mortes en cours de traversée ne cesse également d’augmenter passant de 590 à 3.000.

Ratés de la mission Frontex

Impuissante face à cette déferlante, le gouvernement espagnol réclame depuis plusieurs semaine de l’aide de ses partenaires européens. La semaine dernière, la vice-présidente du gouvernement espagnol, Maria Teresa Fernandez de la Vega, a demandé « une plus grande implication de l’Union européenne ».

Elle a également évoqué la « préoccupation de l’Espagne face à la lenteur de certaines initiatives », citant la laborieuse mise sur pied d’une mission de la nouvelle Agence européenne Frontex pour la coordination des frontières extérieures, dont l’Espagne avait arraché le principe lors d’un premier voyage à Bruxelles il y a quatre mois. Seuls quatre pays participent à cette mission qui vise à aider Madrid à patrouiller les eaux du Sénégal et de la Mauritanie pour décourager les départs des candidats à « l’Eldorado » européen et à rapatrier ceux qui atteignent les côtes canariennes.

Initialement prévue pour être pleinement opérationnelle dès la première quinzaine de juillet, elle ne l’était toujours pas fin août. La vice-présidente du gouvernement espagnol a également critiqué le manque de zèle des pays de l’UE à exiger de leurs partenaires africains qu’ils appliquent l’accord de Cotonou sur les rapatriements de clandestins.

Réunion ministérielle de huit pays

Madrid va organiser d’ici la fin du mois de septembre une réunion ministérielle de huit pays de la « frontière sud » de l’Europe - Espagne, France, Italie, Portugal, Grèce, Chypre, Malte, Slovénie - sur la question de l’immigration clandestine. Il s’agira notamment d’élaborer une proposition globale de contrôle des frontières maritimes au sud de l’Europe, qui sera présentée au sommet européen de décembre.

L’Espagne entend soumettre à ce sommet une batterie de propositions pour « réformer et renforcer » le contrôle des frontières maritimes. Il s’agit essentiellement des patrouilles et de la surveillance, des opérations de secours, de l’identification des clandestins et de leur rapatriement vers leurs pays d’origine.

Sous la pression de Madrid, la Commission européenne a de son côté annoncé mercredi 30 août la création d’un nouveau groupe de travail sur l’immigration et demandé aux 25 plus de solidarité avec les pays du sud les plus touchés, comme l’Italie sur l’île de Lampedusa et Malte.

Ce problème sera également lundi l’une des priorités de la conférence annuelle des ambassadeurs espagnols lundi.

Selon un sondage révélé lundi par la radio Cadena Ser, l’immigration clandestine s’est hissée en août au premier rang des priorités des Espagnols.

Source : Article paru dans "Le Figaro"